Avant de donner mes impressions sur ce parcours, il peut être intéressant pour les futurs pèlerins à vélo sur la voie de la Plata de voir les quelques petites difficultés pour rejoindre Séville avec les montures.
Tout d’abord, le trajet le plus adapté passe par Madrid. Comme la Renfe sur les grandes lignes n’accepte pas les vélos non démontés, il faut donc prévoir de les mettre sous housse. Puis chercher une correspondance Madrid-Séville et c’est là que les problèmes commencent. La SNCF avait bien la possibilité de nous fournir les billets mais il fallait obligatoirement accepter une correspondance avec seulement 15 minutes entre les deux trains. Pour les personnes qui connaissent un peu la gare de Chamartin, cela est quasiment impossible car les deux quais sont distants d’au moins 400 mètres sinon plus. Se mouvoir avec les housses, sacs à dos et autres bardas demande bien plus de temps. La solution pour nous était de réserver sur le site de la Renfe un trajet jusqu’à Madrid et prendre le parcours jusqu’à Séville avec au moins une heure de battement. Depuis Madrid, il existe des départs pour Séville pratiquement chaque heure alors pourquoi est-il impossible d’en réserver un par le biais de la SNCF ? Les problèmes continuent lors de l’achat des billets . Leur site n’est qu’en Espagnol ou Anglais donc il faut connaître quelques rudiments de ces langues, ensuite il n’est pas très aisé de naviguer à l’intérieur mais avec un peu bon sens on y arrive sauf que deux jours après l’achat, mon compte bancaire se voit débité 3 fois du montant total. Appel vers la Renfe exclusivement en Espagnol personne ne comprend une autre langue pour me dire qu’il y a eu un problème et que je vais être crédite des sommes perçues indûment. Effectivement il faut reconnaître et signaler la réactivité immédiate car quelques heures plus tard tout était rentré dans l’ordre. J’ai même reçu deux mails d’excuses m’informant que cela ne se reproduirait plus. Après ces quelques déboires revenons au trajet ferroviaire. Pas de problèmes Nîmes-Madrid avec le même train que l’année dernière. Passé la difficulté de cheminer sur les quais (voir ci dessus) il faut compter sur la sécurité omniprésente dans la gare. Certaine sorties sont fermées et il faut faire parfois un grand détour pour accéder au bon quai mais rien à dire pour être correctement protégé. La correspondance prise, le train pourtant l’équivalent de nos TGV ne possède pas de place pour mettre les housses, pas d’autres possibilités que de les mettre dans le couloir d’entrée au risque de se faire expulser par le contrôleur. Heureusement, celui ci, bienveillant passera deux ou trois fois sans rien dire. Ouf, voilà terminé pour les tracas passons aux sentiments ressentis sur la voie de la Plata.
Si l’on excepte les montagnes russes qui coupent les jambes et les quelques montées parfois abruptes, le chemin jusqu’au croisement du chemin Sanabres est assez facile et ne pose pas vraiment de difficultés majeures. Attention quand même aux auberges pas toujours en nombre suffisant et au ravitaillement, ces points étant souvent très distants les uns des autres et peuvent poser des soucis, ceci valable sur tout le chemin. Arrivé à Granja de Moreruelas après Zamora il y a lieu de décider si on part sur Ourense ou bien garder La Plata jusqu’au Astorga pour rejoindre le Camino Frances. Pour notre part, il ni avait pas de doute, nous prendrions le Camino Sanabres-Mozarabe car nous connaissons parfaitement le Frances pour l’avoir emprunté à maintes reprises. Ici, les logements deviennent encore plus rares et la montagne commence sérieusement. On ne quittera pratiquement plus les hauts plateaux et l’altitude descendra rarement au dessous des 1000 mètres. Lors de notre passage, il faisait froid, très froid et on en a passablement souffert. On a même rencontré une bruine neigeuse à deux reprises dans des cols. Il n’y a que peu de pèlerins piétonniers et on les croisent surtout en début de matinée. Après, plus rien, pratiquement personne à vélo. Les travaux pour la future ligne TGV posent problèmes car ils détournent du chemin et il n’y a plus de balisage approprié, égarement dans la nature assuré. Attention aussi à la montée de 30 km après Ourence qui lasse et n’en finit jamais. Je dois dire que si, sur les 6 chemins que j’ai effectué celui ci est le plus dur physiquement, il est le plus beau, le plus fantastique, l’inoubliable. Quel spectacle,quelle beauté.
Si les problèmes de logement pouvaient rapidement se résoudre, ce chemin est pour moi le meilleur jamais rencontré. Géographiquement parlant, on rencontre de tout : vallées, montagnes, petits chemins, routes peu fréquentées, autochtones aimables. Il est parfait pour s’éclater à vélo peut être plus difficile pour les piétons car les distances entre les étapes peuvent s’avérer assez longues.