Avant de passer aux conclusions générales de ce voyage, il est très tentant de faire la comparaison avec mon premier chemin en 2009 qui démarrait du Puy en Velay. En 2014, j’ai préféré prendre un autre chemin (celui d’Arles) afin de connaître une autre voie cheminant vers St Jacques de Compostelle. Après avoir mené jusqu’au bout ces deux chemins, la première chose à dire est qu’ils ne se ressemblent pas beaucoup. Traverser l’Aubrac n’est certes pas de tout repos mais suivre la montagne Noire après la ville de Montpellier est encore autre chose. Mais pour être objectif, il faut regarder un des facteurs le plus crucial qui soit dans ce genre d’aventure : la météo. En 2009, nous avions essuyé quelques orages assez forts mais le temps était celui que l’on pouvait s’attendre à avoir pour la période Mai-Juin c’est-à-dire pluvieux les premiers jours puis étouffant sitôt en Espagne. Au contrario, l’année 2014 était une année d’exception avec une météo exécrable. Le mois de Mai fût extrêmement pluvieux et lors notre départ (fin Mai) comme il avait plu plus que de coutume durant les dernières semaines, la conséquence directe était qu’il y avait énormément de boue sur le chemin. Ce qui nous obligea souvent à nous détourner vers des routes un peu plus accueillantes et de quitter malheureusement le chemin initial. Par chance inouïe, nous n’avons pas été pris sous de violents orages. Ils étaient toujours derrière nous. Mais si en 2009, la traversée de la Meseta (en Espagne) avait été passée sous une canicule torride, en 2014 elle s’est faite par moins de 20° ce qui est le top pour cet endroit. Les difficultés sont plus probantes sur le chemin d’Arles qui comprend quelques passages pratiquement impossibles pour les cyclistes. Pour franchir les Pyrénées, avantage à la voie d’Arles. Le col du Somport se grimpe régulièrement, facilement, à l’inverse du col de Lepoeder qui demande pas mal d’efforts avant d’arriver à Roncevaux. Pour la beauté des paysages rencontrés, la palme va à la voie du Puy. La traversée l’Aubrac, l’arrivée sur Conques ainsi que les champs de Tournesol dans le Gers font parties de ces choses inoubliables. On pourrait en dire autant pour Saint Guihem le Desert mais je n’ai pas ressenti les mêmes sensations ou vibrations intérieures sur le chemin d’Arles. Peut être le fait de n’avoir pas suivi scrupuleusement le chemin authentique y est pour quelque chose. C’est pour toutes ces raisons que ma préférence va incontestablement au chemin du Puy.
Ce que j’ai retenu de ce dernier voyage.
Le chemin de Compostelle d’où que soit donné le départ est quelque chose d’unique. Un petit bijou dans un écrin. On y fait de merveilleuses rencontres (y compris les aubergistes), les paysages sont variés (plaines, montagnes…) on ne s’y ennuie jamais. Il y a toujours quelque chose à voir à condition que l’on veuille vraiment prendre son temps et ne pas faire une course contre la montre. Mais il y a aussi des déceptions. J’ai été choqué que certaines églises ou cathédrales (lieux de recueil et prières) soient maintenant payantes. Il faut admettre que le chemin devient de plus en plus un « business », grandissant sans cesse au fil des années. Autres bizarreries, autrefois des cierges brûlaient devant certaines statues significatives. Maintenant c’est une petite lumière en forme de bougie qui s’allume pour un certain temps suivant votre obole. Pourquoi pas pour éviter une pollution interne mais la nostalgie n’est plus ce qu’elle était. Si la plupart des aubergistes sont corrects, certains ne sont là que pour faire de la monnaie. S’il est tout à fait normal de payer le prix pour un service rendu, l’arnaque par contre n’est pas acceptable sur un chemin de pèlerinage. Espérons que cela ne se retournera pas un jour ou l’autre sur la notoriété du chemin. Ou le plus tard possible……
En conclusion je ne regrette pas d’avoir fait un deuxième chemin. En referais-je un autre un jour ? Je ne m’aventurerai pas à donner une affirmation ou une négation. L’expérience de 2009 ou j’affirmais que ce premier trajet serait le dernier est assez révélatrice pour ne plus rien dire.
Un dernier mot sur mes coéquipiers qui ont été formidables et ont su garder cet esprit d’équipe. La fatigue qui peut tout faire basculer et se supporter (avec chacun son caractère) 24 heures sur 24 n’est pas chose facile à gérer. Notre engagement et notre amitié ont permis d’aller jusqu’au bout. Nous envisageons donc de repartir en 2015 tous les trois pour de nouvelles aventures probablement en Europe.