Retour depuis Santiago camino frances

RECHERCHE DES DIFFERENTS MOYENS POUR REVENIR DE COMPOSTELLE :
Si le retour des pèlerins piétons ne pose pas de gros problèmes (bus, train, avion), il n’en va pas de même quand il faut rapatrier un vélo et ce doit être pire avec un cheval ou un âne. Pierre avait opté pour l’avion (Compostelle-Madrid-Marseille), rapide mais avec des changements. Pour ma part, ne prenant pas ce genre de transport, il ne me restait que le train ou le bus. Il me fallait regagner mon foyer (situé à la frontière Suisse entre Genève et Thonon les Bains). Depuis quelques temps, je me renseignais sur le rail mais quelle galère! Il faut savoir que la REFE, l’équivalent de la SNCF, n’accepte pas les vélos (sauf en bagages accompagnés dans une housse et encore il y a des restrictions dans certains trains). Les correspondances se montraient aussi problématiques. Il fallait gagner Irun, passer la nuit à l’hôtel avant de reprendre un autre train avec beaucoup de changements et surtout transbahuter le vélo. Je cherchais donc sur internet la possibilité de rentrer par bus au moins sur une partie du trajet. Ce genre de transport est très populaire en Espagne. Toutes les villes ou villages sont  toujours bien desservis avec un réseau très dense. Il existe dans les villes,  même de moyenne importance, des gares de bus qui desservent tout le pays et aussi l’étranger. Après des jours de recherches, je m’aperçus qu’un bus de la compagnie ALSA faisait le trajet jusqu’a Genève (et même plus loin) trois fois par semaine. Mais il ne prenait pas les vélos tels quels. Il fallait les emballer dans une housse. Je pris donc la décision de me faire envoyer par poste restante à Santiago cette housse. Les objets ne pouvant pas être gardés plus de 15 jours, il suffirait de mettre  en marche la procédure une bonne semaine avant l’arrivée. C’est ce qui a été fait. Le billet du bus a été pris à Burgos quand nous pouvions prédire à peu près le jour de notre arrivée (avec une légère marge d’erreur au cas ou….). Pierre lui pris son billet par internet quelques jours avant l’arrivée à Santiago et il a confié l’emballage et le transport jusqu’à l’aéroport à un marchand spécialisé dans ce genre de transaction.
SAMEDI 27 JUIN (jour du retour) :
Je me réveille vers 6 heures 30. Apres avoir dit au revoir à Pierre (qui partira un peu plus tard), je traverse Santiago complètement désert pour arriver à la “estacion” des bus. Je démonte les pédales, les roues, bloque les plaquettes de freins, tourne le guidon et enfin je peux mettre le tout dans la housse. Il est 8 heures et le bus est prévu pour 8 heures 30.Je fais la connaissance d’un couple de Vesoul qui rentrent après 3 mois de chemin. Ils feront le voyage avec moi jusqu’à Lyon puis prendront un train pour regagner leur ville. Dans cette immense gare routière, il n’est pas toujours très facile de localiser le bon bus car c’est un flot ininterrompu qui sort et rentre. Enfin vers 8 heures 30 nous voyons arriver le nôtre. Pas de problème, je suis bien sur la liste et avec conscience professionnelle et grand soin, le chauffeur range ma housse et mon sac à dos dans la soute. Il n’y a pas grand monde, tout au plus une quinzaine de personnes. A 9 heures nous partons. Il s’arrêtera chaque 2 ou 3 heures pour charger des clients ou simplement pour se dégourdir les jambes. Dans le fond du bus, un couple de jeunes se rendant à Zurich en profitent pour acheter à chaque arrêt quelques boissons alcoolisées. Je sens que pour eux le voyage risque d’être assez douloureux. Arrêt vers 14 heures pour manger dans une station service. Nous pouvons même apercevoir, dans le lointain, sur un sommet un peu de neige. La nuit arrive petit à petit et le bus s’arrête pour le repas du soir dans une grande cafeteria. Je n’arrive pas à me situer car parfois on voit la mer. Le noir est maintenant bien établi et chacun essaye de se reposer un peu. On ne peut pas dormir (ou très peu) car les places sont assez étroites. La fille du couple de Zurich n’est pas très bien, elle restera debout au milieu de l’allée centrale toute la nuit (ça ne m’étonne pas beaucoup). Le bus est maintenant rempli presque complètement , il ne reste que peu de places libres. J’ai de la chance, il n’y a personne à coté de moi aussi je peux allonger un peu les jambes. Les chauffeurs (ils sont 2) se relaient régulièrement. Dernier arrêt à San Sebastian puis on passe la frontière à Irun. Le bus n’emprunte que les autoroutes. Nous traversons Toulouse, déposons quelques voyageurs et on repart aussitôt. Toute la nuit, les villes défileront. Vers 3 heures du matin, une pause bienvenue, permet de remuer un peu. Le petit jour nous surprend vers Montpellier. Comme d’habitude, arrêt et départ illico vers Nîmes. Je commence à avoir un peu faim et un petit café serait le bienvenu, malheureusement le bus file toujours. Enfin vers Montélimar, grosse pause de 15 minutes dans un self. Tout le monde se précipite vers la cafeteria. A Lyon, le couple de Vesoul me dit au revoir. Je fais la connaissance d’un espagnol qui va à Lausanne. Il parle bien le français car il y a travaillé pendant longtemps et son fils habite toujours cette ville. Apres le tunnel de Nantua, arrêt dans l’aire de Bellegarde pour se restaurer. J’en profite pour passer un coup de téléphone et signaler que dans moins d’une heure je serai à Genève et qu’il est temps de venir me chercher. A la frontière les douaniers nous font garer. Pendant 10 minutes, il ne se passe rien, on attend….. Mon compagnon espagnol qui possède une certaine expérience de ce trajet  me dit que soit, ça se passera bien et on pourra repartir bientôt, soit ils vont fouiller entièrement le bus soute comprise et dans ce cas, il y en a pour un bon moment. Ouf, on a l’autorisation de quitter la douane. Genève est vide ce dimanche, presque pas de circulation, on roule très bien. J’aperçois ma femme et ma fille qui m’attendent sur le bord du trottoir. Il est 13 heures. Déchargement des sacs et de la housse et c’est le retour à la maison. La boucle est bouclée. C’est terminé. La vie va reprendre son cours normal. Le trajet aura duré 28 heures. Je n’ai eu qu’à me louer des services de la compagnie ALSA, il n’y a eu aucun problème, pas de retard, les bus sont assez confortables. On a même eu droit à deux films durant le trajet. Je la recommande vivement.
LES JOURS SUIVANTS :
Se réhabituer après ce périple impose de le faire petit à petit. Les premiers jours, cela fait tout drôle de ne pas prendre le vélo et la route sitôt réveillé. Même la nuit, dans la tête, la route défile. Mais les soucis ne sont plus les mêmes. Les repas sont pris à heure à peu près fixe et il n’y a pas besoin de chercher où manger et un lieu pour dormir. Par contre, paradoxalement, une certaine fatigue s’est très vite faite sentir. Elle durera environ une bonne semaine puis s’estompera partiellement pour ne s’effacer que 2 semaines après. C’est ce que l’on appelle probablement le retour à la vie civile. J’ai perdu environ 4 kilos mais ils seront rattrapés dès le mois suivant. Trois visites chez l’ostéopathe seront nécessaire pour remettre en ordre la carcasse (les chutes n’y sont surement pas étrangères).Une certaine saturation de vélo s’est faite alors sentir. La première sortie n’a été faite que 3 semaines après. Mais la forme était toujours là. Les montées étaient avalées bien plus rapidement qu’avant le départ. Les kilomètres effectués sur une certaine distance ne semblaient plus qu’une sortie familiale, bref presque une formalité. Mais jusqu’à quand…..(En fait cette euphorie durera environ 2 mois)