CONCLUSION
Si l’on devait résumer en trois mots : inoubliable, géant, magnifique mais ……. assez dur, presque à la limite dur. Il ne faut pas considérer ce périple comme une sortie familiale du dimanche, ce serait une grave erreur et probablement l’obligation de quitter le chemin après seulement deux ou trois étapes au maximum. Le faire à pied est une chose très envisageable même jusqu’à un âge « avancé », mais en VTT, en suivant le chemin des pèlerins, d’une seule traite, sans jour de repos impose une certaine expérience. Bien sur, nous avons rencontré des cyclistes (en presque totalité du côté espagnol) qui partaient tous de Roncevaux après les Pyrénées. Parmi eux, se trouve toute la gamme de personnes : cela va du bouffon qui prétend faire Roncevaux-Compostelle (780 kms) en trois jours ou cette bande de joyeux copains menée par un fille toute menue qui distançait les garçons en montée mais se faisait rattraper en descente ou alors ce couple d’Italiens avec leur fille de 12 ans. Tous sont probablement arrivés à St Jacques mais ils ont du s’adapter au jour le jour suivant leur condition, la météo et la fatigue mentale. Avant le départ, je pensais le refaire, un jour à pied, mais j’y ai renoncé. Si le VTT est physiquement dur, la marche l’est tout autant mais probablement beaucoup plus moralement surtout sans but spirituel. Je ne me vois pas traverser la Meseta sans arbre, sans point d’eau sur des kms par une température de 40° ou bien ces longues lignes droites monotones, de plus de 10 km aux abords des villes comme Burgos ou Leon. La tête ne suivrait pas. Le refaire alors depuis un autre point de départ à VTT? Probablement pas pour la seule raison que j’estime qu’il y a assez d’endroits tout aussi magnifiques et magiques à découvrir. Il y a aussi l’esprit du Chemin qui semble-t-il change rapidement : nous avons rencontré dans l’Aubrac une personne qui en était à son septième pèlerinage. Pour lui, le chemin n’est plus ce qu’il était. Il y a encore seulement quelques années, le pèlerin était accueilli à bras ouverts et respect chez l’ habitant. De nos jour il faut penser plutôt au mot « business ». J’ai une anecdote à ce sujet : dans une ville espagnole, arrivant en fin d’après midi, tous les gites étaient complets. Même l’office du tourisme ne pouvait nous donner une adresse d’hébergement. Par le plus pur des hasards, une personne nous a conduit chez les religieuses qui nous ont trouvé immédiatement une chambre, dans leur congrégation, spécialement conçue pour les pèlerins. Nous fûmes alors stupéfaits de les entendre dire qu’elles possèdent toujours des chambres vides à louer et qu’elles en ont fait part à l’office du tourisme. Nous avons demandé des explications à cet office : il ne proposait pas cet hébergement car les sœurs ne payent pas les mêmes taxes que les autres loueurs et que cela leur faisait trop de concurrence! Possible…..mais pourquoi quand tout est complet? Probablement une querelle de clochers (financière?) du genre Don Camilo et Pepone. Très regrettable…..Surtout que le chemin exige un budget assez conséquent. Mais il y a tellement de rencontres grandioses. Telle cette personne qui suite à un accident de circulation, toute disloquée ne devait plus marcher ni survivre. Elle avait endurée 21 jours de coma et auparavant un cancer du sein. Et pourtant elle était là, ne se plaignait pas, toute joyeuse même de devoir porter son sac à dos de travers, seule position possible pour elle et qui lui occasionnait de fortes douleurs. Ses seuls mots : « tout le monde est capable d’aller jusqu’au bout, il faut simplement le vouloir ». Quelle leçon à méditer!
Et aussi comment exprimer sa satisfaction, sa joie lors de la première vue sur la ville de Santiago. Pour tout cela, ça valait vraiment la peine de le faire et d’aller jusqu’au bout.