Le trajet Stevenson

Jeudi 6 Septembre :

Départ de Bellegarde (département de l’ Ain) vers 9 heures du matin. Après un repas sympathique et convivial pris à Pont Saint Esprit, nous sommes arrivés à Saint Jean Du Gard vers 15 heures. Le temps de se changer et nous voilà partis à l’assaut du Col D’Uglas. Dans le parking nous demandons notre chemin à une dame qui nous dit : ” vous voulez prendre le GR vers Mialet alors bon courage “. Notre réponse fut : ” nous sommes là pour ça “. On n’avait pas bien compris sa définition du mot courage. 300 mètres après, une très forte côte nous oblige à passer déjà le petit plateau. Après 4/5 kilomètres, nous passons le Gardon de Miallet. Si nous avions eu un peu plus de temps et surtout si le vent avait soufflé moins fort on aurait pu faire une petite trempette. Peu de temps après, le chemin goudronné s’arrête et fait place à un sentier assez large mais caillouteux. Pied à terre obligatoire, nous poussons les vélos jusqu’à un hameau dont le GR traverse les maisons sous des voûtes en pierres de taille. Après être remontés sur les vélos pendant 1 kilomètre (et retour au chemin caillouteux), une erreur d’inattention va nous faire perdre 30 à 40 minutes. Nous ne voyons pas le signe de tourner à gauche et nous nous payons une montée à travers les châtaigniers et autres arbustes. Nous commençons à nous poser des questions car le chemin devient impraticable, très étroit et difficile. Après consultation de la carte,  nous décidons de rebrousser chemin car nous devons prendre le train à Alès vers 18 heures. Nous n’avons plus le temps de suivre le GR. La carte nous indique qu’il y a une possibilité de prendre une route goudronnée qui passe aussi par le col d’Uglas. La descente se fait à tombeau ouvert et nous atteignons Alès vers les 17 heures 30. Traversée de la ville sans ennuis et enfin la gare. Nous ne pouvions pas nous permettre de rater ce train car il n’y en qu’un seul qui est susceptible d’embarquer les vélos en direction de Langogne. Le contrôleur assez cool nous dit :” mettez les ou vous voulez, là ou il y a de la place “. La place sera dans le dernier wagon au fond du train et comme il y a peu de monde, de notre siège nous pouvons surveiller les vélos. Arrivée à Langogne vers 19 heures 30, le voyage fut pittoresque et nous pouvons déjà apercevoir les montagnes. Le gîte MODEST’INN (pour rappeler l’ânesse de Stevenson Modestine) est tenu par Philippe Blanc personnage très sympathique. Il nous réserve un très on accueil et nous propose de rentrer les vélos à l’intérieur du gîte. Un petit repas au restaurant « Le Gevaudan » (qui est une annexe du gîte), repas familial, bien préparé tout va bien, nous sommes contents, la journée s’est bien passée. Après une bonne nuit, réveil vers 8 heures, Philippe est en train de préparer les excellents déjeuners qui vont nous permettre de continuer notre route. Pain aux raisins, confiture, beurre, miel, jus d’orange… rien ne manque. Nous recommandons bien chaleureusement ce gîte sans chichis, familier et dont le patron est a lui seul gentillesse, amabilité, et serviabilité.

Vendredi 7 Septembre :

Départ à 9 heures vers Saint Flour de Mercoire et Cheylard l’Evêque. Nous traversons le début de la superbe forêt de Mercoire. Pas trop de dénivelés. Dans un enclos nous sommes surpris de trouver des vaches avec des cornes énormes. Malgré notre appréhension, elles nous laissent passer en nous regardant béatement. On traverse quelques points extrêmement boueux qui nécessitent de mettre pied à terre. Les pâturages sont fermés par des barrières que l’on doit prendre soin de bien refermer derrière soi. Nous rencontrons quelques ramasseurs de champignons. La suite jusqu’ à Luc est une succession de montées et descentes parfois raides dans une diversité de paysages qu’il faut voir absolument. Arrêt au château de Luc pour admirer les restes de ce qu’il devait être autrefois une bâtisse impressionnante. Il reste encore la madone dont Stevenson dit qu’elle pèse 50 quintaux. Du château la vue sur la vallée est magnifique. Nous pensions déjeuner à Luc car le topo-guide nous indiquait que c’était possible, mais il n’y a rien et nous devons rallier La Bastide Puy Saint Laurent à 8 kilomètres de là. Très bon déjeuner au restaurant “Aux Genets”, bon accueil et très bonne nourriture. Sitôt le repas terminé, nous grimpons vers l’abbaye de Notre Dame des Neiges. Nous sommes bien accueillis par une sœur qui nous propose de visionner gratuitement un film sur l’abbaye et la vie des moines. Cela dure 25 minutes. Nous redescendons vers la Bastide pour prendre la direction de Chasserades. Sitôt la gare de La Bastide passée nous entamons une montée vers une borne située à 1300 mètres d’altitude. Montée longue et pentue. La traversée se fait à travers le plateau du Chambounet et la forêt de Gardille jusqu’à Chabalier. Petite montée pour atteindre Chasserades et nous trouvons un gîte récemment ouvert par un couple arrivant du Sud de la France. Il se nomme maintenant “Le Relais de Modestine”. Nous avions connu le parfait, ici c’est le plus que parfait. Les patrons sont d’une convivialité et amabilité exemplaires, toujours prêts à vous rendre service et à vous arranger. Le repas du soir est servi sur la table familiale (y compris leurs enfants) avec les autres randonneurs. Un apéritif nous a été proposé, vin à table, très bon repas terminé par le café et cerise sur le gâteau un pousse café. Attention quand même de ne pas abuser sinon les lendemains seront durs…Tout cela dans une ambiance collégiale ou tout le monde prend part. Amis randonneurs (vttistes, cavaliers, marcheurs….) si vous passez par là, c’est ici qu’il faut s’arrêter.

Samedi 8 septembre :

Après un petit déjeuner copieux chez nos hôtes à Chasserades, nous partons vers les 9 heures en direction des Alpiers. Sitôt Chasserades passé, nous arrivons au magnifique viaduc de Mirandol. Le vent est complètement tombé et une très belle journée s’annonce. En chemin nous rencontrons les marcheurs qui étaient au même gîte que nous à Chasserades partis un peu plus tôt. Il faut dire que c’était leur première étape et ils comptaient rejoindre Saint jean du Gard en 5/6 jours. Nous nous disons au revoir. Quand l’Estempe fut passé, la montagne du Goulet nous réserva quelques petites poussettes car la dénivellation est très importante. Nous passons 2 pics et rencontrons des cueilleurs de champignons. Juste avant les Alpiers nous tombons sur un groupe d’une dizaine de personnes avec 5 /6 ânes (ou ânesses). Petit bonjour, un mot d’encouragement aux animaux avant d’attaquer la descente sur le Bleymard, descente parfois très technique car le sentier est creusé dans un rocher et en plus très étroit. Arrivé au Bleymard, nous déjeunons au restaurant “La Remise”. Bonne cuisine, bon accueil nous sommes heureux d’être là et profitons de chaque minute. Dès 13 heures, nous repartons et nous faisons la grande erreur de ne pas se renseigner sur le GR70. Comme à notre habitude nous suivons les témoins rouges et blancs. Des montées interminables se succèdent les unes aux autres et il nous vient un doute sur la direction prise. Après consultation de la carte, nous ne voyons pas encore notre erreur, mais comme rebrousser chemin tient presque de l’impossible, nous décidons de descendre dans la vallée pour nous renseigner. Au premier village nous demandons notre chemin et stupeur nous sommes complètement à l’opposé de la direction voulue. Seule solution, revenir au Bleymard par la route en franchissant un col qui affiche 1337 mètres. Le moral reste bon, et après avoir perdu plus de 2 heures 30, nous arrivons au Bleymard et repartons ce coup ci vers le Mont Lozère. Cela nous servira de leçon, dorénavant, au moindre doute, il vaudra mieux s’arrêter et prendre le temps de vérifier. Au passage du col du Sapet, nous rencontrons quelques chasseurs dans une indifférence totale. Nous étions sûrement des intrus et devions probablement les gêner dans leurs activités. La montée du col du Sapet vers le mont Lozère est très dure pratiquement impossible à faire sans poser pied à terre. Pour nous ce sera une nouvelle poussette. Arrivé à la station, nous calculons qu’á cause de notre erreur, nous ne pourrons atteindre le Pont de Monvert. La fatigue aidant (nous avons franchi 5/6 cols et pas des moindres ce jour là), nous prenons la décision de coucher ici et de partir demain vers le col de Finiels, le sommet le plus haut du département de la Lozère. La soirée se passe dans le gîte/restaurant “le Montlo”, ambiance décontractée autour d’une table commune. Il n’y a pas de randonneurs du GR70 mais des personnes et des couples qui sont ici pour 2 ou 3 jours pour se balader autour du mont Lozère. On avait été avertis que la cuisinière n’appréciait pas qu’il reste quelque chose dans l’assiette lors du repas. Nous ferons attention de tout finir (ou du moins le maximum). Les patrons sont très serviables et sympathiques. Ils nous ont proposés de mettre nos VTT à l’abri, dans une cave fermée. Malgré les aléas de cette journée, nous avons pu remplir nos yeux (et notre mémoire) de magnifiques panoramas sur ces Cévennes à la beauté époustouflante.

Dimanche 9 septembre :

Nous nous levons vers 7 heures pour admirer le lever du jour sur le Mont Lozère, suivit par celui du soleil sur les montagnes avoisinantes à travers les fenêtres de notre chambre. Il ne vente plus, le ciel est d’un bleu radieux. Une grosse journée nous attend, avec pas mal de dénivelés et les montées et descentes s’avèrent être particulièrement ardues. Pourvu que nos jambes et mollets se comportent comme notre moral toujours au beau fixe. Le matin nous avons eu la surprise de déguster au petit déjeuner des confitures maisons pas communes (poires sauvages, myrtilles, framboises…. le tout de la région). Dès la sortie du gîte, une montée par la route goudronnée nous emmène à l’embranchement du GR70. Nous suivons les menhirs (à ce propos il parait que c’est la deuxième concentration de menhirs après Carnac) qui nous montrent le chemin jusque vers le mont Finiels ou nous nous arrêtons pour regarder le point géodésique. Le vent a repris, il est particulièrement soutenu et très frais. Cela nous oblige à mettre les coupes vent et l’on ne s’éternise pas avant de descendre vers Finiels. Chemin très technique, pentu caillouteux qui nous oblige à mettre pied à terre plusieurs fois. De Finiels au Pont de Monvert, le chemin devient une piste large, très roulante, rapide en faisant attention quand même car nous avons eu la désagréable surprise à un détour de trouver un ruisseau avec de grosses pierres dans son lit ce qui nous a obligé à serrer les freins au maximum pour pouvoir s’arrêter. Le Pont de Monvert traversé, immédiatement nous commençons une ascension très rude sur un chemin étroit et extrêmement caillouteux. Poussette obligatoire jusqu’au  sommet. Nous rencontrons deux marcheuses, une Américaine de Santa Fe et l’autre Française, très sympathiques. Nous faisons la causette pendant 5 minutes, puis nous reprenons notre chemin vers la vallée de la Fiarouse. Jolie descente, nous arrivons à un pont et suivons la route sur 300 mètres. Après une bifurcation à droite, nous trouvons un sol cimenté et strié. Celui-ci nous emmène jusqu’à Champ Long de Bougés avec un fort dénivelé. Ici, la terre battue avec ses cailloux reprend ses droits. La dénivellation devient encore plus forte jusqu’au col de la Planette ou nous trouvons un groupe de retraités partit le matin de Pont de Monvert et qui était entrain de casser la croûte. Ils nous traitent de fous de faire ce trajet en VTT comme d’ailleurs la plupart des gens que nous rencontrerons, les moins sévères nous souhaiteront seulement “bon courage”. Il est 12heures 30, nous subissons une perte importante de calories dans les montées (nous n’avons pas encore mangé car il n’y a aucune possibilité depuis Pont de Monvert). Une nouvelle grimpette assez sèche nous emmène vers 1300 mètres. Malgré notre faim nous attaquons la dernière portion qui mène au signal de Bougés. En regardant la carte, nous pensons atteindre Bedoués assez rapidement car apparemment il n’y a que de la descente. Nous sommes vite mis au fait, cette descente est ultra technique et à la limite dangereuse en VTT jusqu’au col du Sapet. Elle durera plus de 1 heure. Sitôt le col passé, la vitesse augmente car nous sommes vraisemblablement sur une route forestière dite de Ramponenche. Descente interminable de 11 kilomètres mais avec une vue dégagée, la plupart du temps, ce qui nous permet d’apprécier cette beauté. Cette portion est pour nous, la plus belle et celle qui nous a le plus marqués durant ce périple. Arrivée à Bedoues vers 15 heures et comme nous sommes dimanche, tout est fermé et nous n’avons toujours pas mangé. Arrivé à Florac, nous nous mettons en quête d’un restaurant encore ouvert. Première tentative, premier échec, il est trop tard. Sur l’esplanade, nous dégottons enfin une âme charitable qui voudra bien nous servir, malgré l’heure tardive, une entrecôte avec des pâtes. Il était temps la fringale commençait à se manifester. Notre première idée était de relier Cassagnas ce soir mais pendant le repas et après avoir étudier ce qu’il restait à faire, nous nous apercevons très vite que cela sera impossible à cause de notre erreur de la veille. Il faut impérativement que nous soyons à Saint Jean demain vers midi pour reprendre la voiture et faire le trajet retour. Il n’y a plus le choix, nous devons coucher autour de Florac et regagner Saint Jean du Gard par la route. Après étude de la carte nous décidons que nous passerons par le tunnel du Marcaires en évitant la corniche des Cévennes qui nous semble plus longue en temps. Petite visite à travers Florac, jolie ville, les truites sous le pont de la source du Pêcher sont énormes.

Lundi 10 septembre :

Après le petit déjeuner vers les 9 heures 30, nous nous mettons en selle, passons les villages de Vebron et des Rousses, longeons les gorges du Tapoul et grimpons vers le tunnel du Marcaires (962 mètres). Nous pouvons voir à notre droite, les immenses forêts du Mont Aigoual. Après avoir traversé ce tunnel, dès la sortie, une vue impressionnante et plongeante sur toutes les montagnes du Val Borgne qui s’étalent à perte de vue. La descente vers Saint André de Valborgne nous semble assez facile malgré la longueur (12 kilomètres). Après avoir pris un petit café dans cette ville accueillante, le patron nous informe que la route sera toujours en légère pente jusqu’à Saint Jean. En effet, nous pouvons adopter une allure raisonnable, sans forcer, car il y a peu de voitures. Sur le parking de Saint Jean, la voiture nous attend et après s’être changés nous allons déjeuner au restaurant “La chanterelle” qui propose en outre des écrevisses dans divers plats. Une dernière photo avant de repartir…. Ce coup ci c’est la fin de l’aventure, il va falloir maintenant se réadapter à la ville après 5 jours sans bruit, sans pollution, cela va être dur.